MAGAZINE ELLE 
Fevrier 2009
 


Dans la vie de tous les jours, comment faites-vous ?

Je fais tous les petits gestes que chacun connaît maintenant, sur l’eau, les poubelles, les achats responsables. Et quand j’entends quelqu’un dire : « Il faudrait faire ceci, mais je n’y pense jamais », je trouve ça... criminel. C’est un mot fort, je sais, mais c’est un mot juste pour décrire cette inconscience ! Pour chaque chose qu’on entreprend, il faut avoir cette problématique en tête. C’est une opportunité immense de nous rapprocher de quelque chose d’à la fois plus humain et plus proche de la nature. J’aime la façon dont Al Gore, dans son documentaire (1), explique aux Américains qu’ils ont déjà vécu un immense changement de style de vie, au moment de l’abolition de l’esclavage, et que cela prouve qu’ils sont capables de changer à nouveau.

Vous êtes très engagée...
On n’a pas le droit d’être fataliste. Quand certains hommes politiques refusent de prendre une décision écolo au prétexte que « les gens ne sont pas prêts », je dis non ! Il y a un désir des citoyens de ce monde pour que les choses changent vraiment.

Vous imaginez faire des enfants dans un monde aussi complexe ?
J’ai vraiment envie de rester optimiste. Pendant des années, je n’en voulais pas pour ne pas leur offrir ce monde-là. Mais j’étais plus jeune et j’étais en colère. Depuis, j’ai compris que ce sont les enfants des gens préoccupés par la situation qui feront bouger les choses. Cela a changé totalement ma vision !

Il doit bien y avoir encore des choses qui vous rendent folle...
Plein ! Quand j’entends parler certains directeurs de multinationales, comme dans le documentaire sur l’agroalimentaire « We Feed the World » (2), par exemple. Le patron d’un énorme groupe dit : « Tout ça, ce sont des conneries, on n’a jamais vécu aussi vieux et en bonne santé ! »... Depuis son pays tout propre, il pense peut être qu’à part l’hémisphère Nord il n’y a rien ni personne, que les villes insalubres à l’atmosphère irrespirable sont des mirages ! Le discours des écolo-sceptiques ne tient pas debout ! C’est difficile d’admettre que ces gens-là, engagés dans la course au profit, aient un tel pouvoir, alors qu’ils n’ont aucune conscience des générations à venir, ni de l’être humain.

Il y a aussi ceux qui parlent d’un néofascisme vert, d’une nouvelle morale qui dicterait collectivement des comportements individuels...
Est-ce qu’ils trouvent que c’est mieux de dire « achète, achète, achète mon truc made in ailleurs », plutôt que « mange bio, arrête d’envoyer du CO2 » ? On est habitués à vivre sous l’influence de grosses marques qui veulent qu’on boive plus, qu’on mange plus de hamburgers, qu’on achète plus de baskets pour rester devant la télé... Je ne me considère pas du tout comme une écologiste, je trouve ce mot réducteur, mais comme quelqu’un qui a envie de vivre dans un environnement respirable.

Il y a de quoi se sentir impuissant...
Notre pouvoir, dans les pays riches, c’est d’être des consommateurs citoyens et conscients. On peut arrêter d’acheter certains produits. Pour les gens qui ont les moyens et la chance de pouvoir choisir, c’est o-bli-ga-toi-re !

Vous êtes contre les OGM ?
Le débat sur les OGM n’est pas un délire de militants. Je trouve aberrant qu’on ait l’idée de modifier génétiquement le vivant. On n’a pas de recul. On ne peut pas prédire l’impact que cela aura sur les générations futures. Le principe de précaution n’est pas respecté.

Vous votez écolo ?
Je n’ai pas spécialement foi en la politique, surtout quand je vois le temps que les hommes et les femmes politiques passent à se taper dessus. Etant donné ce qui se passe, je trouve cela parfaitement indécent ! L’écologie doit faire partie de chaque parti politique.

Est-il vrai que vous avez refusé certaines campagnes de publicité pour des produits pas assez écolos ?
Plusieurs fois. Je ne cautionnerai jamais des produits indéfendables.

Quand on a cette conscience verte comme vous, c’est très exigeant, c’est difficile d’être cohérent tout le temps...
Oui, d’ailleurs je prends l’avion très souvent ! Mais la première des choses, c’est de faire du mieux que l’on peut. Et c’est déjà beaucoup. Il faut être exigeant avec soi-même, on ne peut pas continuer dans le laisser-aller, en se considérant comme des victimes alors que nous sommes aussi les bourreaux !

Depuis toujours, vous affichez un désir profond de simplicité. N’est-ce pas antinomique dans le monde dans lequel vous évoluez ?
Ce n’est pas parce que je vis dans un monde de paillettes que je me transforme en paillettes ! Il ne faut pas forcément se couper du monde pour rester simple. Ce qui est beau, c’est de trouver sa place et sa simplicité dans le milieu dans lequel on évolue. Ce n’est pas toujours évident. Mais plus ça va, plus ça l’est !