Radieuse depuis la naissance de son fils, Marcel, Marion Cotillard cumule avec bonheur les rôles d'actrice et de maman. A l'affiche de "Contagion", de Steven Soderbergh, cet automne, et en tournage de "Batman", elle s'est confiée à Florence Trédez sur l'amour, la maternité et le cinéma.
ELLE. En vous voyant, on a l’impression que la maternité vous a totalement épanouie ?
MARION COTILLARD. Je suis effectivement complètement apaisée par la maternité. Je n’étais pas particulièrement stressée avant, mais je vis une grande plénitude, une vraie joie de vivre.
ELLE. Les petits inconvénients de l’après-grossesse ne vous perturbent pas ?
M.C. Non, au contraire. C’est assez curieux, mais, d’un seul coup, il y a eu une acceptation totale. Le corps, par exemple, c’est comme si tous mes complexes s’étaient envolés. Ça me détend assez ! C’est arrivé au moment où mon corps a commencé à se transformer avec la grossesse. Quelque chose a pris un sens. Et je me suis surprise à avoir les mêmes paroles que les femmes enceintes ou ayant des enfants.
ELLE. C’est-à-dire ?
M.C. Des choses comme « Tout d’un coup, on sait pourquoi on est là », par exemple. Dans ma vie, j’ai ressenti des moments de plaisir ou de joie intenses procurés par des tournages ou par de grands événements, mais qui s’estompent une fois l’expérience terminée. Avec la maternité, je ressens un bonheur pur et intemporel.
ELLE. C’est l’idée qu’on est là pour donner la vie ?
M.C. Il y a quelque chose de miraculeux à être reliée à toutes ces femmes qui, à travers les siècles, ont vécu la même chose… ou qui la vivront un jour.
ELLE. Croyez-vous également que votre besoin d’être aimée et reconnue sera assouvi différemment ?
M.C. Oui, je pense que les priorités ne sont plus les mêmes, et j'espère que je serai moins dans cette pathologie. Je dis pathologie, même si le mot est un peu fort. On la partage tous dans ce métier et elle n’est pas forcément épanouissante. Le désir d’être regardé crée une espèce d’envie malsaine qui ne s’assouvit jamais vraiment, car elle ne vous comble pas intérieurement. Quand je vois tout ce qui m’arrive dans ce métier, et que je constate que ce besoin est toujours là, je m’interroge.
ELLE. Vous allez travailler aussi avec James Gray, un autre de vos réalisateurs préférés…
M.C. Il s’agit d’un film d’époque, « Low Life », dans lequel j’interprète le rôle d’une Polonaise qui émigre aux Etats-Unis avec sa soeur. Joaquin Phoenix y joue également. Je rêvais de travailler avec eux. C’est aussi pour moi le retour à un personnage central dont on raconte l’histoire du début à la fin. J’ai été très heureuse, ces dernières années, de me promener dans l’univers de réalisateurs très talentueux, parfois à travers des petites participations, mais j’ai quand même besoin de porter une histoire sur mes épaules. J’ai aussi des projets très excitants en France, mais, à l’heure qu’il est, rien n’est encore confirmé. Et j’ai une petite participation dans le film de Soderbergh « Contagion ». Ce réalisateur est un type incroyable, il fait tout sur un plateau, même le cadre et les lumières. C’était une belle expérience.
ELLE. Et avez-vous déjà songé à réaliser vous-même un film ?
M.C. Je me suis toujours dit que j’allais en faire un, un jour. J’ai le sujet depuis deux ans, mais il faut que je prenne du temps pour me consacrer à l’écriture et rencontrer les bonnes personnes pour le monter. A vrai dire, c’est un projet tellement ambitieux que je ne sais pas si je le réaliserai moi-même, mais je suis sûre qu’il verra le jour. Je le ferai peut-être réaliser par quelqu’un d’autre.
ELLE. Guillaume Canet ?
M.C. Pourquoi pas ? (Rires.)
ELLE. Votre père a dit, lors d’une interview : « Marion est ce qu’elle est, car elle n’est pas allée au bout du monde, mais elle est allée au bout d’elle-même. » Qu’en pensez-vous ?
M.C. Quand c’est vital pour moi, c’est vrai que je vais au bout. Mais pas dans tout ce que j’entreprends. Par exemple, au niveau du tricot, je réalise des écharpes de folie, avec des points dingues, mais je ne sais toujours pas faire les agrandissements, donc pas les pulls. (Rires.) Mais j’ai encore du temps devant moi pour réussir ça.
ELLE. Entre autres talents, vous êtes musicienne…
M.C. Je joue du piano car j'ai pris des cours quand j'étais petite. Mais je ne me considère pas comme une musicienne, car je sais qu'il faut beaucoup travailler pour se dire musicien. Maxim Nucci, alias Yodelice, me pousse à développer cette partie de moi. Je pensais que j'étais incapable d'écrire des chansons, mais Maxim m'a proposé de partir quinze jours pour essayer. Et ça a donné des idées qui doivent être retravaillées et qui, j'espère, prendront un jour une forme plus aboutie, que je pourrai livrer au public. La musique tient une grande place dans ma vie. Et l'aventure des concerts avec Yodelice, dans lesquels je jouais de la basse sous le pseudo de Simone, a été extraordinaire.
ELLE. Pensez-vous transmettre votre créativité à votre fils ?
M.C. En tout cas, j'ai envie de lui transmettre les bases qu'on m'a données, à savoir le respect, la liberté et la créativité. |
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